LA BALISTIQUE

 

 

        1- Balistique au cours de l’histoire

 

  • Origine

 

La balistique existe depuis des millénaires. En effet, elle existait au temps de la chasse et des guerres. Les hommes lançaient des projectiles sur leurs proies, et même si la science de la balistique n’existait pas encore, ils essayaient après plusieurs essais d’améliorer leur précision.

 

Le mot "Balistique"  est d’origine latine, il vient de ballista (qui signifie baliste, qui est une sorte de grosse arbalète) et de ballistica (science qui étudie le mouvement des corps et le comportement d’un projectile).

 

Les romains sont les précurseurs de la balistique. En effet, ils utilisaient de nombreuses armes de guerre,  développées pour l’époque comme la baliste ou la catapulte. Pour avoir une meilleure précision, ils avaient recours à l’étude de la balistique.

  • Quelques dates dans la police scientifique

 

 

En 1889, Alexandre Lacassagne découvre que grâce aux stries de la balle, celle-ci peut être associée à l’arme correspondante.

Pour la première fois dans la police scientifique, la balistique aida à résoudre une scène de crime en 1898, après avoir tiré une balle avec l’arme d’un suspect.

Charles Waite a trouvé un outil pour déterminer quel modèle d’arme a tiré un coup de feu en examinant les balles retrouvées.

En 1929,  Un grands expert nommé Calvin Goddard identifia les armes employées par les tueurs d’Al Capone qui a conduit à l’arrestation d’un d’entre eux.

En 1959, des experts développèrent un test par coloration pour pouvoir identifier les résidus des coups de feu, qui permettent de dire si un suspect a utilisé une arme ou non en utilisant un révélateur chimique.

 

        2- Qu’est ce que la balistique ?

 

La balistique sert à déterminer la nature de l’arme utilisée, le nombre de coups de feu tirés et aussi la direction et la distance de tir. Elle étudie aussi les effets  subis par les projectiles pour retrouver l’arme utilisée mais aussi les impacts et les blessures. La balistique se divise en trois parties: interne, externe et terminale.

 

La balistique interne : La balistique interne est la science qui étudie la trajectoire du projectile dans l’arme.

 

La balistique externe : La balistique externe est la science qui étudie la trajectoire du projectile entre sa sortie de l’arme et le moment ou il atteint sa cible.

 

La balistique terminale : La balistique terminale est la science qui étudie les effets du projectile sur la cible

 

Les enquêteurs font appel à un spécialiste, le balisticien, quand une arme à feu a été utilisée sur la scène de crime. Il se concentre alors sur quatre points : les balles, les douilles, les traces de résidus de poudre et finalement l’arme elle-même.

       

  • La balistique interne

 La balistique interne est l’étude du mouvement d’un projectile à partir du moment on appuie jusqu’à ce qu’il quitte le canon du fusil. Elle dure environ 5 millièmes de seconde. Une balle provient d’une munition qui est constituée d’un étui, rempli de poudre et fermé par une balle. La balle doit tourner sur elle-même pour partir en ligne droite et atteindre la cible visée. Le mouvement est provoqué par des rayures qui sont sculptées à l’intérieur du canon. Le diamètre de la balle doit être plus gros que celui du canon pour qu’elle puisse  pénétrer en force et se mettre à tourner sur elle-même.  La balle va s’imprimer des rayures du canon. Les projectiles sortant de la bouche  peuvent apporter différentes projections comme de la suie, de la poudre… Ces traces vont permettre de déterminer une distance de tir.

       

 

  • La balistique externe

 

La balistique externe est la science qui étudie la trajectoire du projectile entre sa sortie de l’arme et le moment ou il atteint sa cible. Les projectiles peuvent être ralentis par la gravité, le vent… La gravité entraine une accélération vers le bas du projectile, et le vent le dévie de sa trajectoire. Donc pour le calcul de la trajectoire, il faut prendre en compte le milieu où traversent les projectiles car il a un impact majeur sur la trajectoire. Les experts en balistique utilisent la balistique externe uniquement pour déterminer la position du tireur pour trouver des douilles.

Pour recréer les trajectoires, ils utilisent des lasers et des cordes fines puis utilisent un logiciel de reconstitutions virtuelles pour reconstituer la scène.

 

  • La balistique terminale

 

La balistique terminale est la science qui étudie les effets du projectile sur la cible. Elle est très peu utilisée car encore incomprise par les scientifiques.

 

    3- FONCTIONNEMENT DES ARMES (MODERNES)

 

    1)Les différents types d’armes

Il y a trois grandes catégories d’armes :

-Les armes militaires (Mitrailleuse, mitraillette, et pistolet-mitrailleur)

-Les armes de chasse (Fusil, carabine)

-Les armes de poing (pistolet, revolver, derringer)

 

Les armes de poing sont les plus utilisées lors de crimes. En effet, ce sont des armes utilisables à une main et faciles à cacher ou à se débarrasser.

 

Le pistolet est une arme très ancienne (en effet, l’utilisation la plus ancienne connue date de 1461 lors de la bataille de Towton en Angleterre.) Le pistolet semi-automatique est apparu à la toute fin du XIXème siècle, et sa popularité n’a cessé d’augmenter. Les militaires l’ont utilisé les premiers, puis les civils et finalement les policiers. C’est le type d’arme de poing le plus populaire, et le plus utilisé, car il contient plus de coups, est plus puissant et rapide que le revolver. Il est aussi plus facile à transporter car il est plus petit.

Le revolver est apparu en 1837. Il fut l’arme de poing la plus utilisée jusqu’à la fin du XIXème siècle car elle permettait de tirer plusieurs coups sans recharger, contrairement aux pistolets de l’époque. Certains l’utilisent car il est plus solide et sécuritaire que le pistolet, et aussi moins cher.

  • 2) Quelques définitions

La cartouche contient le projectile, la poudre et l’amorce.

La balle (ou projectile)  est le corps projeté par l’arme.  Le projectile doit être assez mou pour permettre sa déformation lors de son passage dans les rayures du canon (et aussi parce qu’il est plus grand que le canon), mais assez solide pour supporter l’accélération élevée pendant le tir.

La douille est une cartouche faite de laiton ou d’acier. Elle contient l’amorce, la poudre et le projectile. La douille permet d’empêcher les gaz chauds d’infiltrer le reste du mécanisme (car elle prend de l’expansion contre la chambre pendant le tir).

 

  • 3) Fonctionnement
  1.  Quand on appuie sur la détente, le percuteur frappe l’arrière de la cartouche, ce qui fait exposer une charge très sensible appelée amorce.
  2.  L’amorce contient un mélange explosif, et lorsqu’elle est frappée, elle propulse des particules sur la poudre.
  3. La poudre brûle alors très rapidement et graduellement. Elle produit des gaz qui poussent le projectile dans le canon.
  4.  Il  a deux catégories de canons :

            -  le canon rayé : (revolvers, pistolets, carabines et mitrailleuses) à l’intérieur du canon il y a des rainures en spirales qui font tournoyer la balle, ce qui assure un trajet rectiligne. On peut donc étudier les traces que les stries impriment sur les balles.

            - le canon lisse : (fusils) l’intérieur du canon est lisse, il n’y a donc aucune marque.            

    5. La chambre est l’extension du canon qui contient la cartouche au moment du tir.

La douille est éjectée hors de l’arme par un mécanisme d’extraction-éjection.

 

 

    4- Relevé et recherche d'indices

  • Le relevé

Pour relever les indices, la police scientifique possède plusieurs techniques, comme la photographie, les mesures et plans de la scène de crime, le polilight. Pour prélever une douille, on utilise la prise d'échantillon. Le technicien en scène de crime récupère les indices avec précaution. Il a des vêtements blancs, et aussi des gants pour ne pas contaminer les échantillons et la scène de crime. Quand il a un indice, il le met dans un sac en lui donnant un code, note son emplacement et le donne à l’enquêteur.

 

 

  •  La comparaison entre les balles

Chaque arme marque d’une façon particulière les balles, elle possède son identité propre. Cela permet de savoir sur une scène de crime si une ou plusieurs armes ont été utilisées. Chaque balle possède des sillons ou des stries visibles sur la surface de la balle, caractéristique de l’arme utilisée et de la morphologie de canon de l’arme. En général, elles mesurent entre 0.5 et 2 mm de large.

Pour cela, le balisiticen compare les projectiles avec le système ibis. Les balles et les projectiles trouvés sur chaque scène de crime sont numérisés. Ils sont enregistrés dans une base de données qui permet de comparer les marques d’un projectile suspect avec d’autres affaires criminelles. Donc le système Ibis est essentiel pour résoudre un crime, car il permet de relier des crimes entre eux.

Puis au macroscope, il compare les types de trace. Le macroscope est un microscope de comparaison avec deux objectifs ce qui permet de comparer deux objets simultanément. Pour comparer les balles, il fait glisser les images jusqu’à ce que les marques semblent continues. S’il y a une juxtaposition, l’expert conclut alors que la même arme a tiré les deux projectiles.

Pour vérifier que le projectile trouvé sur la scène provient de l’arme suspecte, on doit le comparer avec un autre projectile. Pour cela, l’expert tire dans un puit spécial rempli d’eau ou dans un tube d’acier rempli de coton qui permet de freiner le projectile et donc de le récupérer sans dommage. Puis, après avoir récupéré le projectile, l’expert le compare avec le projectile prélevé.

Puis, si l 'expert a repéré une correspondance, alors il fait tourner les deux balles dans la même direction et à la même vitesse pour voir si d’autres marques apparaissent simultanément. L’expert augmente le grossissement du macroscope pour vérifier si les marques plus petites sont aussi alignées.

Cependant, la procédure n’est pas une science exacte. Deux balles ne sont jamais exactement les mêmes, elles peuvent avoir subi des marques particulières quand elle a atteint la victime ou heurté un objet. Le canon présente aussi différentes particules de poussière qui laissent différentes marques sur les balles.

 

  •   Indices liés à l’arme

Il faut savoir que l’arme laisse des traces à chaque étape du tir.

-  Tout d’abord, lorsque la cartouche est dans la chambre de tir, alors elle s’appuie sur la culasse dont les imperfections peuvent marquer la douille.

- Puis lorsque le percuteur frappe la douille il y imprime une trace indélébile car la douille est faite d’un métal mou (cuivre, laiton…)

- Ensuite, à l’intérieur du canon, il y a des rainures (si ce n’est pas un fusil) ce qui permet de faire tourner la balle sur elle-même, et ces rainures laissent de minuscules stries sur la balle.

- Et pour finir, lorsque la douille est éjectée, le mécanisme laisse aussi des empreintes sur la douille.

Le revolver, à la différence du pistolet, n’éjecte pas les douilles, c’est au tireur de les extraire à la main.

Grâce à ces informations, alors le balisticien peut établir une probabilité que telle ou telle arme a été utilisée.

  •  Le suspect et les substances chimiques

On peut savoir si un suspect a tenu ou actionné une arme récemment en tamponnant leurs mains (la zone palmée entre le pouce et l’index) pour détecter des traces chimiques. La spectrophotométrie, qui permet de mesurer l’absorbance d’une espèce chimique, est utilisée pour chercher les traces de substances présentes dans l’amorce (baryum, plomb, antimoine). On peut aussi utiliser la MEB (microscope électronique à balayage) pour révéler de petits détails.

Les fabricants de balles utilisent différentes espèces chimiques pour la substance explosive, donc l’étude de ces substances permettent de trouver le fabricant.

Ce n’est pas une science exacte, car :

- S’il n’a pas de poudre  sur les mains, alors le suspect n’a pas tiré et est donc disculpé

- Si on retrouve des espèces chimiques ailleurs que sur la zone palmée entre le pouce et l’index, cela veut dire que le suspect n’a pas tiré mais seulement ramassé l’arme après le tir.

 

    5- Analyse des traces et des vêtements

 

L’analyse des vêtements et des plaies permet principalement d’étudier la trajectoire des projectiles mais aussi le champ de tir et les positions relatives de la victime et du tireur. Ces informations sont essentielles pour établir les circonstances de la mort.

L'étude des trajectoires permet d'estimer la position du tireur, elle repose sur trois principaux axes :

  • L'examen des vêtements
  • L'aspect des effets du projectile sur la peau (trou)
  • Trajet intracorporel du projectile

L’examen des vêtements repose sur l’orientation des fibres du vêtement, l’essuyage du projectile en croissant, et l’irrégularité des résidus.

L’examen des blessures repose sur sur l’orifice d’entrée (OE) et l’orifice de sortie (OS).

L’orifice d’entrée comprend certaines lésions : l’orifice d’entrée (qui correspond au trou), la collerette érosive et d’essuyage, les brûlures, et les dépôts de résidus (suie ou tatouage). L’orifice de sortie n’a ni brûlures, ni collerette érosive et d’essuyage, c’est une plaie supérieure que celle de l’orifice d’entrée. Le trajet du projectile entre l’OE et l’OS est généralement un tunnel.

La lésion du tatouage donne une idée de la distance de tir.

  • Si l’arme est placée contre la peau, la plaie est en forme d’étoile (1),
  • Si le coup est tiré à moins de 3 cm, la peau dessine un anneau (2),
  • S’il est tiré à moins de 30 cm alors il y aura une poussière noire autour de l’orifice de la balle (3),
  • S'il est tiré à moins de 60 cm alors on trouvera des grains de poudre(4),
  • Le coup a été tiré au-delà de 60 cm alors la zone de tatouage sera absente(5).

Un expert peut parvenir à recueillir des résidus de poudre même si l’agresseur se trouvait à 2 km et avait une arme surpuissante. En effet, la balle est recouverte d’une petite quantité de poussière, et s’efface seulement quand elle pénètre le corps de la victime.  En essuyant le point d’entrée, les experts peuvent relever ces poussières.

 

Pour ce qui concerne les armes à canon lisse, plus la cible est éloignée, plus l’impact est étendu. La zone d’impact augmente environ de 2,5 cm par mère de distance.

 

Un expert peut parvenir à recueillir des résidus de poudre même si l’agresseur se trouvait à 2 km et avait une arme surpuissante. En effet, la balle est recouverte d’une petite quantité de poussière, et s’efface seulement quand elle pénètre le corps de la victime.  En essuyant le point d’entrée, les experts peuvent relever ces poussières.

Pour ce qui concerne les armes à canon lisse, plus la cible est éloignée, plus l’impact est étendu. La zone d’impact augmente environ de 2,5 cm par mère de distance.

Les armes de poing (pistolet, revolver), les carabines et les fusils provoquent des blessures très différentes et donc facilement identifiables.

 

.6- LES BASES DE DONNEES

 

Aux Etats-Unis : NIBIN

En Angleterre : NABIS

La plupart des pays européens possèdent la base de donnée IBIS (Integrated Ballistics Identification System), qui est d’origine canadienne. C’est un système d’enregistrement de données balistiques, qui concerne toutes les marques permettant une expertise et les armes à feu en détention légale et leurs propriétaires.

En France, la police scientifique a deux bases de données :

- Le fichier CIBLE (Comparaison et Identification Balistique par Localisation des Empreintes). Il permet de comparer les éléments de tirs avec ceux d’autres affaires criminelles, ce qui permet de relier les crimes entre eux. Ce fichier recense plus de 20 000 références de balles.

-Le fichier TRAFFIC (Traitement Automatisé des Armes Frauduleusement Fabriquées Introduites et Commercialisées). Il permet d’informatiser des recherches d’armes susceptibles d’être impliquées dans un trafic national ou international.

Cependant, le système IBIS sera peut-être bientôt utilisé en France car il possède une vitesse beaucoup plus élevée que le microscope de comparaison.