LES EMPREINTES DIGITALES
" Quoiqu’il y ait plusieurs choses de même espèce, il est pourtant vrai qu’il n’y en a jamais de parfaitement semblables ; ainsi quoique le temps et le lieu, c’est à dire le rapport au dehors, nous servent à distinguer les choses que nous ne distinguons pas bien par elles même, les choses ne laissent pas d’être distinguable en soi. "
Pourquoi pouvons-nous dire que l’empreinte digitale est une technique d’identification de coupables simple et efficace ?
1) Les empreintes digitales au cours du temps
Des empreintes digitales ont été trouvées sur d'anciennes tablettes d'argile babyloniennes et des poteries. On en a trouvées aussi sur les murs des tombes égyptiennes, ainsi que sur des briques et des tuiles de Babylone et Rome. Certaines empreintes ont été déposées involontairement par les potiers et les maçons (conséquence naturelle de leur travail), et d'autres ont été réalisées pour la décoration. Cependant, sur certaines poteries, les empreintes digitales ont été impressionnées si profondément dans l'argile qu'elles étaient peut être destinées à servir en tant que marque d'identification par le fabricant.
-
Les empreintes digitales ont été utilisées comme signatures à Babylone (IIème millénaire avant JC). Afin de protéger contre la contrefaçon, ils impressionnaient leurs empreintes digitales dans une tablette d'argile sur laquelle le contrat avait été rédigé.
-
Les chinois impressionnaient leurs empreintes digitales pour sceller des documents.
-
Au XVIIème siècle, la science connait une forte apogée, et l'empreinte digitale commence à être étudiée d'un point de vue scientifique.
-
En 1684, le scientifique Britannique Grew est le premier à écrire un traité détaillé sur l'empreinte.
-
C'est au XIXème siècle que l'empreinte sert à l'identification d'individus, notamment de criminels.
-
En 1823, un physiologiste tchèque propose de classer les empreintes en neuf catégories.
-
En 1860, Hershel, un diplomate anglais note que "Les empreintes digitales sont formées avant la naissance et restent inchangées tout au long de la vie."
-
En 1880, le médecin écossais Faulds affirme que les empreintes sont uniques à chaque individu.
-
En 1892, le policier argentin Vucetich est le premier à identifier une criminelle par ses empreintes digitales.
-
A la fin du 19ème siècle, le britannique William Hershel utilisa les empreintes digitales pour arrêter les fraudeurs dans l'armée qui encaissaient les chèques des vétérans décédés.
2) Qu'est-
ce qu'une empreinte digitale?
Deux semaines après la fécondation, la peau du foetus forme des crêtes et des stries sur certaines parties du corps.Ces parties sont les mains, les orteils, les doigts et la plante des pieds. C’est grâce à ces stries que nous tenons des objets sans qu’ils glissent car au bout des bosses, des pores laissent échapper de la sueur qui est créée par des glandes sudoripares ou des liquides gras suivant les glandes. Et quand nous touchons un objet, les liquides gras s’y déposent en suivant les crêtes du doigt, ce qui forme une empreinte digitale.
Les empreintes digitales sont propres à chaque individu, mais cependant, elles ne sont pas si différentes, on peut observer toujours les mêmes formes. Le cousin de Darwin a démontré « qu’il y a une chance sur 64 milliards d’avoir la même empreinte qu’un autre individu ».
Les empreintes digitales sont très utiles pour retrouver un criminel car c'est un moyen fiable. En effet, elles sont immuables jusqu'à la mort, lors de la croissance et du vieillissement elles changent qu'en gardant les mêmes proportions et les même particularités. Elles ne changent pas, les coupures par exemple ne changent que provisoirement les dessins digitaux. Et pour finir elles sont propres à chaque individu y compris chez les vrais jumeaux.
3) Les types de dessins digitaux
Les empreintes peuvent être identifiées grâce à leur dessin et leurs particularités: c'est la lophoscopie. Une empreinte digitale possède quatre zones : La zone centrale, la zone basale, la zone distale et les zones marginales.
On étudie tout d'abord les deltas pour décrire une empreinte (c'est le lieu de divergences entre les différentes zones). Le delta peut être en forme de triangle fermé ou ouvert, ou formé par une crête.
On regarde tout d'abord si l'empreinte possède des deltas ou non. Il peut y avoir : aucun delta ( adelte), un (monodelte), deux (bidelte) ou trois.
Puis on étudie le centre de figure pour pouvoir rattacher l'empreinte à une des familles des dessins papillaires: les arc, les boucles, les tentes pures, les composites, et les verticilles. Trois motifs regroupent 95% des doigts humains:
- 60% pour les boucles
- 30% pour les tourbillons
- 5% pour les arcs
Puis on étudie les points singuliers locaux :
- Les minuties
Une minutie permet de différencier deux empreintes digitales, c’est un point qui se situe sur le changement de continuité des lignes papillaires. Il y a 16 types de minuties. Mais deux sont plus fréquentes :
- Les arrêts de ligne
- Les bifurcations
4) Le relevé
Souvent les empreintes digitales ne sont pas entières, elles sont partielles en raison de la précipitation du criminel ; donc le nombre de minutie est plus faibles. Sur certains matériaux c’est facile de relever les empreintes, comme le verre, le métal ou le plastique, par contre sur le carton ou le bois c’est plus difficile et impossible sur le cuir ou la peau.
Nous pouvons voir à la télévision, que ce sont les ordinateurs qui s’occupent des empreintes digitales. Mais cependant, dans la réalité ce sont les hommes qui s’en occupent. Car il peut avoir des défaillances, comme de la transpiration, des cicatrices que l’ordinateur ne prend pas en compte.
Quand les traces sont laissées par des mains poussiéreuses, ensanglantées, sales, une photographie suffit. Mais généralement, les traces sont difficiles à voir à l’œil nu, et différentes techniques peuvent être utilisées. Mais chaque situation a besoin d’une méthode bien précise, car certaines techniques peuvent être destructives si elles ne sont pas bien utilisées. Il faut donc prendre des photos à chaque étape de la révélation.
Seulement 10% des traces sont visibles à l'oeil nu à la lumière naturelle. Il y a 3 catégories de traces papillaires:
-
L'empreinte moulée : Ce sont des traces en trois dimensions visibles à l'oeil nu mais il faut réaliser un moulage pour prélever la trace. Elles sont causées par le contact avec une substance malléable (bougie, peinture...)
-
L'empreinte visible : Ces traces sont visibles à l'oeil nu, mais il faut avoir un contraste avec le support. Elles sont dites négatives lorsque la trace est le résultat d'un enlèvement de matière (poussière, suie...) ou positive lorsque la trace est la conséquence d'un dépôt de matière (sang, graisse).
-
L'empreinte latente : Ces traces sont invisibles à l'oeil nu. Elles n'apparaissent qu'après un traitement spécial.
Méthode pour révéler les traces latentes
Surface lisse et sèche : la poudre
Les procédés pour révéler les empreintes digitales n'ont pas beaucoup évolué. Les dactylo-techniciens utilisent la méthode la plus ancienne : La poudre.
On dépose la poudre sur le support puis grâce aux caractéristiques de la sueur que laissent les pores de la peau, la trace devient visible.
Les experts utilisent différentes poudres selon le lieu :
- Ils utilisent une poudre blanche lorsque ce sont des surfaces lisses et sèches,
- De la poudre noire si ce sont des surfaces blanches,
- Et de la poudre fluorescente si ce sont des fonds multicolores.
Surface poreuse et sèche : les vapeurs
Même si la poudre est la méthode la plus facile et la plus utilisée, on a recours à d'autres solutions. En effets lorsque qu'on est en présence d'un support mou et rugueux, comme le tissu, la poudre ne convient pas et on doit utiliser la méthode de la vapeur d'iode. Cette technique consiste à chauffer des cristaux d'iode à côté de l'empreinte latente. L'iode qui était à l'état solide passe à l'état gazeux, elle se sublime. Puis elle réagit avec les constituants de la sueur laissée par les pores de la peau et fait apparaître les empreintes digitales. Mais cependant après 24 heures elle n'est plus efficace.
Surface non poreuse : fumigation à la colle :
On peut aussi utiliser de la colle très puissante, de la superglue. Il faut la sublimer, pour pouvoir obtenir des vapeurs d'ester de cyanoacrylate. Environ 30 minutes après, l'empreinte durcit sur le support, et elle apparaîtra en blanc. Cette technique est utilisée depuis 20 ans dans le monde entier. Puis on applique un colorant si la trace est sur un support blanc.
La colle est faite de 2-cyanoacrylate de méthyle, qui est un monomère de formule C5H5NO2. Il polymérise rapidement en présence d’anion. En temps normal, c’est l’humidité de l’air qui déclenche la polymérisation, mais ici, ce sont les traces qui la déclenchent en raison des faibles quantités de sueurs d’eau.
Le groupement CN a tendance à attirer les électrons des liaisons voisines. Elle va faire apparaitre une charge partielle positive sur le C du CH., ce qui va permettre à un nucléophile de venir se fixer sur ce carbone. Le nucléophile ici est l’eau. Cependant le C ne peut contenir 5 liaisons et un des doublets de la double liaison devient un carbanion (=ion qui possède une charge électrique sur un ou plusieurs du carbone. Le CN va stabiliser ce carbanion grâce à son effet attracteur. Cela devient un polymère blanc, le polycyanocrylate sur les crêtes d’empreintes.
Donc les traces (qui possèdent une faible quantité de sueurs donc d'eau) peuvent déclencher la réaction.
Laseur :
La méthode au laser est efficace, en effet il s'agit de révéler les empreintes avec une puissante source de lumière laser. On utilise un laser à argon ou le Polilight. Le rayonnement du laser provoque la luminescence de l'empreinte digitale.
4) Traitement de l'empreinte
En 1914, le Docteur Locard a publié ses conclusions de l'identification des empreintes digitales et les critères qui devraient être utilisés pour assurer la fiabilité basée sur l'étude de son analyse statistique. Son étude a montré la règle suivante en trois parties :
- Si 12 points concordants sont présents et que l'empreinte est nette : La certitude est indiscutable pour tous.
- Si 8 à 12 points concordants sont impliqués, la certitude de l'identité dépendra de :
- La netteté des empreintes digitales
- La rareté de son type
- La présence du noyau et du delta dans la partie exploitable de la copie
- La présence des pores
- L'identité parfaite et évidente en ce qui concerne la largeur des crêtes papillaires et des sillons, la direction des lignes et la valeur angulaire des bifurcations.
3. Si très peu de points sont présents : Les empreintes digitales ne peuvent garantir la sécurité de l'identification, mais seulement une présomption proportionnelle au nombre de points et à leur netteté.
Tout d'abord, il faut binariser l'empreinte, c'est à dire la mettre en noir et blanc puis il faut squelettiser pour que les stries aient la même épaisseur de 1 pixel. On peut voir si dessous les différentes images de la numérisation à la binarisation au squelette de l’empreinte.
Puis on extrait les minuties, on en extrait en moyenne 100 et on éjecte les "fausses" environ 60%. Donc le logiciel extrait environ 40 minuties, plus que les 12 minuties nécessaires pour l'identification d'un individu ce qui augmente la fiabilité. Puis on obtient la "signature" de l'empreinte grâce à différents algorithmes. Il faut savoir que la numérisation ne s'effectue jamais de la même façon.
Puis l'empreinte est numérisée et comparée à d'autres dans la base de données. Le FAED propose quelques "candidats" puis l'opérateur compare les minuties, il cherche 12 points de concordances, c'est à dire 12 minuties identiques pour prouver que ces deux empreintes appartiennent au même individu. L'ordinateur ne prend pas en compte les blessures (cicatrice, blessure) qui peuvent modifier l'empreinte, c'est pour cela qu'un examinateur est indispensable.
a) Le FAED
Le Fichier automatisé des empreintes digitales (FAED) est un fichier informatisé d'empreintes digitales crée en 1987. Le FAED conserve la trace des empreintes digitales. Il dépend du ministère de l'intérieur. Le fichier comptabilise plus de 3 millions d'individus, plus 190 000 traces non identifiées. Les empreintes sont conservées au maximum 25 ans, les empreinte relevées sur les lieux d'infraction sont conservées 3 ans pour les délits et 10 ans pour les crimes.
Les empreintes peuvent être enregistrées si :
- Elles sont trouvées sur les lieux d'infraction
- Elles appartiennent à des individus dans un établissement pénitentiaire
- Elles appartiennent à des individus susceptibles d'avoir commis ou tenté de commettre un crime ou délit ( comme auteur ou complice )
- Elles appartiennent à des personnes mises en cause dans une procédure pénale dont l'identification certaine est nécessaire
Le traité de Prüm signé le 27 mai 2005 entre la plupart des pays de l'ouest permet d'échanger des données dactyloscopiques qui permet un échange de données rapide.
Le fichier permet la résolution de plus de 1000 affaires par mois.
Les empreintes digitales est peut-être la méthode la plus fiable, aussi la plus facile et la plus rapide pour retrouver le tueur, seulement, il faut qu’il soit dans la base de données.
Les empreintes digitales est peut-être la méthode la plus fiable, aussi la plus facile et la plus rapide pour retrouver le suspect, seulement, cette méthode a ses limites, en effet, il faut que le suspect soit dans la base de données.