Anthropologie
C'est l'étude du squelette, des ossements. On étudie la morphologie, la structure des os, mais il faut aussi rechercher les anomalies qui auraient pu survenir avant au moment ou après le décès.
1) Découverte du cadavre
On va utiliser parfois des techniques de l'anthropologie physique / archéologique: Au moment de la découverte du squelette, en général, il est trouvé quand on creuse pour faire les fondations d'un immeuble...il faut sortir ce squelette. On utilise les mêmes techniques que l'archéologie : on va creuser. On glisse une planche sous le squelette pour le sortir sans perdre d'ossements, et pour approcher au maximum la position du corps tel qu'il a été trouvé.
Cela peut prendre des heures : au début, on peut creuser assez franchement, mais ensuite il faut y aller très délicatement pour ne pas déranger l'agencement des ossements.
Dans une enquête judiciaire et qu'on bloque un chantier, il faut aller assez vite. Il faudra essayer de voir si c'est un squelette ancien ou pas. On s'intéressera à la manière dont le corps a été inhumé, dans une position, si on lui a mis les bras le long du corps, des objets a proximité... on regardera la position du corps.
2) Etude du cadavre
Puis ensuite, une fois transporté au labo, on s'attachera à l'étudier plus précisément pour trouver des particularités osseuses qui pourraient donner des indications sur son mode de vie, son activité professionnelle, son statut hiérarchique, son mode de nutrition...
On s'attache plus précisément à l'anatomie et à la morphologie de ces os.
On mesure un os long et on a des tables qui permettent à travers cette mesure de donner l'approximation de la taille du squelette au moment du décès. Les tailles sont faites à partir de standards fait dans des populations américaines du début du 20ème siècle. Avec l'évolution de la population, cela peut varier
légèrement, on travaille donc à établir de nouvelles bases de données sur des standards plus récents.
On étudie aussi le bassin pour déterminer le sexe. Les femmes ont un angle plus ouvert que chez les hommes.
Le crâne permet aussi de trouver des caractères discriminants : plutôt masculin ou féminin. En effet, les hommes ont des arcades sourcilières plus marquées, des insertions musculaires aussi.
Ils estiment aussi l'âge au moment du décès grâce à des surfaces articulaires. Car quand on vieillit, les surfaces articulaires s'usent. On utilise par convention la 4ème côte gauche. En combinant plusieurs mesures, on va approcher un âge moyen. On répondra toujours en donnant une fourchette de plus ou moins 3 à 5 ans.
L' anthropologie est crucial dans le cadre de génocide car elle permet d'aider à l'identification et à préciser le mode opératoire, elle permet de préciser le type d'arme blanche. Si on dispose d'arme sur la scène de crime, on peut comparer pour voir si c'est bien la même arme qui a été utilisée.
3) Détermination de la victime
On va déjà essayer de savoir de qui il s'agit, puis on demandera à un expert de faire les comparaisons pour savoir si c'est la même personne. On dispose pour cela de deux techniques:
- La superposition photographique. On superpose un squelette facial avec des éléments de mesure pris à partir d'une photographie du visage d'une personne. On va essayer de faire coïncider le squelette facial avec le visage de la personne : formation très solide, et plutôt le versant policier du travail sur cet aspect.
- Reconstitution faciale : On part d'un squelette de crâne, et on va essayer de reconstituer tout un visage. Il y a deux cas de figure :
- Le visage est déjà en cours de décomposition mais on a encore l'aspect général. Après un travail de restauration, on va essayer de stopper la décomposition et mettre les tissus en place, de combler avec du silicone, et de maquiller. Le but étant d'arriver à ce qui apparente à un visage humain, et de photographier.
- Le squelette est complètement indemne de tout tissu mou et où on a plus que le crâne. On utilise des techniques qui permettent de reconstituer artificiellement l'épaisseur des tissus mous à partir des données, et on remodèle le visage. Dans les laboratoires expérimentaux, on travaille sur des modélisations; à partir d'un morceau d'os crânien, on peut reconstituer tout un crâne, par modélisation. Quand on a reconstitué les tissus mous, ce qui va donner l'apparence du visage, on va donner l'interprétation de la couleur des cheveux, etc...A partir d'un même squelette facial, on peut proposer une cinquantaine minimum de visages différentes. Ces techniques très chronophages, sont à réserver vraiment à des techniques de dernier recours.
- Modification d'image. Les policiers l'utilisent dans les disparitions d'enfants, quand on veut imaginer ce que peut être l'enfant plusieurs années après sa disparition.